Chop Suey vu par Villard

Edward Hopper aimait le cinéma, en particulier les films noirs. C’est sans doute la raison pour laquelle la plupart de ses tableaux ressemblent à des arrêts sur images. Ils donnent envie de rembobiner le film avant la scène clé pour savoir ce qui s’est passé avant, de le dérouler pour connaître la suite. Sauf que le film n’existe pas et c’est à notre imagination, stimulée par la force d’évocation du peintre, d’y suppléer.
“Enigmatiques, ses tableaux laissent le champ libre aux interprétations”, résume L’Express qui, à l’occasion de l’exposition du Grand Palais, a demandé à six écrivains d’imaginer chacun un texte de fiction à partir d’un tableau. Frédéric Beigbeder, Marc Dugain, Alice Ferney, Maylis de Kerangal, Dominique Sylvain et Marc Villard se sont prêtés au jeu. Qui a excellé dans cet exercice de style ? A chaque lecteur d’en juger selon les critères qui lui sont propres. Personnellement, mon texte préféré est celui Marc Villard à propos de Chop Suey. Que se disent ou plutôt que complotent les deux femmes attablées dans ce restaurant chinois ? Non, je ne vous le dirai pas… Il me suffira de rappeler que Marc Villard est un spécialiste du polar et que dans sa mini-nouvelle il a parfaitement maîtrisé jusqu’à la dernière ligne l’art du suspense et de la chute. Désormais, il ne me sera plus possible de regarder ce tableau de Hopper sans songer à son interprétation par l’auteur de Un ange passe à Memphis (éd. Rivages).

La nouvelle de Marc Villard sur le site de L’Express